Liam, 18 ans : « Je veux m’épanouir dans le bon corps
Je veux m’épanouir dans le bon corps...
Liam a 18 ans. Il est étudiant à Rennes. Son récit a été élaboré avec les journalistes de la Zone d’expression prioritaire, lors d’ateliers avec des jeunes.
La Zone d’expression prioritaire (Zep) collecte la parole des jeunes de 14 à 28 ans lors d’ateliers d’écriture encadrés par des journalistes. Ces témoignages sont ensuite publiés par des médias. Ouest-France a choisi d’être l’un d’eux. Tous les mois, le premier mardi, dans le journal et sur ouest-france.fr, on peut lire ces récits de vie, comme celui de Liam, 18 ans, étudiant à Rennes.
« Sur ma carte d’identité, il y a écrit mon deadname, mais moi je m’appelle Liam. Deadname, en français, ça signifie « prénom mort », c’est le prénom de naissance que la plupart des personnes transgenres ne veulent plus entendre une fois qu’elles ont choisi leur nouveau prénom.
J’ai fait ma rentrée de septembre 2020 avec comme objectif de m’assumer en tant que Liam ; bien que scolairement, je ne l’ai pas encore fait. Je ne sais pas comment l’expliquer aux professeurs, ni à la classe. Mais c’est aussi mon nouvel objectif, et j’aimerais que ma classe et mes professeurs m’appellent Liam et me genrent en « il ».
« J’ai fait un total rejet de ma poitrine »
J’ai commencé à me poser des questions sur mon genre pendant mon année de troisième, je pensais être transgenre sans connaître ce terme. Ma puberté féminine a commencé en classe de quatrième mais est devenue visible l’année suivante. Je n’ai pas réagi comme j’aurais dû en tant que fille, je n’ai pas été content de devenir une « femme ». J’ai fait un rejet total de ma poitrine, qui a commencé à beaucoup me complexer. C’est la puberté qui m’a fait me poser mes premières questions, mais à cette époque je ne connaissais pas encore tout ça. J’ai donc fait des recherches pendant mes années de troisième et seconde.
À la fin de la seconde, après une longue négociation avec mes parents, j’ai pu sauter une étape et avoir une apparence plus « garçon » en me coupant les cheveux court. Je me souviens de ce moment-là, quelqu’un m’avait dit : « C’est quoi la prochaine étape ? Devenir un garçon ? ». J’ai vécu ma nouvelle coupe de cheveux comme un soulagement et j’ai commencé à me sentir un peu mieux.
En classe de première, j’ai changé de style vestimentaire vers un style dit masculin. Je ne portais que des sweats à capuche et des T-shirt amples pour pouvoir camoufler au maximum ma poitrine. Mais, malheureusement, par peur du regard des autres et de décevoir mes proches, j’ai cherché un genre qui comportait le genre féminin. Je suis donc passé de non-binaire (une personne qui ne se sent ni homme ni femme) à bi-genre (qui se sent homme et femme).
Je ne me sentais toujours pas bien dans mon corps en terminale. J’ai fini par penser que j’étais genderfluid (pas de genre déterminé) tout en ayant un penchant vers la transidentité à nouveau. En milieu d’année est venu le confinement, et une remise en question totale. J’ai réalisé petit à petit que je suis un homme transgenre et qu’il fallait que je l’accepte, au risque de me détruire mentalement et physiquement.
« J’ai décidé de m’assumer à la rentrée »
Pendant les vacances d’été 2020, j’étais décidé à m’assumer à la rentrée. Je me suis cherché un prénom masculin. Après plusieurs recherches sur internet, j’ai fait une liste des prénoms qui me plaisaient le plus avant de sélectionner « Liam ». J’ai ensuite décidé de faire mon coming out à mes amis, qui s’est très bien passé. Ils l’ont tous bien pris et respecté mon choix tout en m’encourageant pour ma future transition.
Ensuite, j’ai fait mon coming out à mes parents. J’ai commencé par ma mère, pensant qu’elle allait mieux le prendre que mon père, mais au final ça a été l’inverse : ma mère ne l’accepte pas du tout et ne veut pas que je fasse de transition. Mon père l’a mieux pris en me disant que c’était mon choix et que je devais assumer les conséquences financières (éventuelle opération, traitement de testostérone…) et sociales. Bien que ma transidentité ne soit pas un choix… Pour autant, je n’ai pas le droit de faire de transition tant que je suis sous leur responsabilité et que je ne suis pas indépendant financièrement pour subvenir seul à mes besoins.
« Je veux m’épanouir dans mon corps »
«Ce qui m’a amené à être sûr que je sois un homme transgenre, ce sont mes crises de dysphorie de genre, que j’ai au début pris pour de simples crises d’angoisse. La dysphorie de genre, c’est ce qu’une personne transgenre ressent en vivant dans le mauvais corps. C’est un mal-être qui peut conduire à se faire du mal physiquement. Il y a aussi l’utilisation de mon deadname, quand on me genre en « elle » et qu’on me dit « madame ». Cela qui me blesse car cela renvoie à l’identité que j’ai joué pendant plusieurs années. Autres exemples qui me font du mal : « Tu vas te transformer ? » « T’as même pas essayé d’être une fille. » Et celle qui me blesse le plus : « Tu resteras toujours une fille. » Non, j’ai toujours été un homme et je veux juste m’épanouir dans le bon corps. »
Liam, 18 ans, étudiant, Rennes. Ouest-France
https://rennes.maville.com/actu/actudet_-liam-18-ans-je-veux-m-epanouir-dans-le-bon-corps-_52674-4362049_actu.Htm
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