Comment lutter au quotidien contre l’homophobie ?
Aujourd’hui encore, les LBGT phobies sont partout. Plus ou moins discrètes, elles peuvent se trouver dans la rue, sur internet, dans le monde du travail ou encore au sein de la famille. Aline et Cédric, frère et soeur à l’origine du média LBGT+ PAINT, nous racontent leur expérience et nous livrent leurs conseils pour lutter, à notre échelle, contre ces violences. Un combat à mener au quotidien pour, enfin, voir les lignes bouger.
L’homophobie n’est pas une opinion. C’est un délit. Et pourtant, encore aujourd’hui en France, les violences envers les personnes LGBTIQ+ sont omniprésentes. Preuve en est : le rapport 2020 de l’association SOS Homophobie, qui témoignait d’une augmentation de 26% des cas rapportés via ses canaux d’écoute.
Les LGBT+ phobies aujourd’hui en France
Les LGBT+ phobies sont partout. Elle sont particulièrement présentes sur internet, qui à lui seul regroupe 31% des cas répertoriés par SOS Homophobie sur l’année 2019. Une violence virtuelle mais bien réelle, à laquelle Aline et Cédric, créateurs du média LGBT+ PAINT, ont été plus d’une fois confronté.e.s.
« Si je poste une vidéo avec ma soeur, et qu’on parle ouvertement de nous, de notre identité, de notre sexualité, on va avoir plus d’un commentaire homophobe, agressif, ignorant, qui disent qu’on est complètement anormaux, qu’on aurait échangé de sexualité à la naissance… Des choses folles, et des menaces aussi parfois », confie Cédric, 27 ans. Car, comme le rappelle Aline : « Internet, aujourd’hui, est devenu un défouloir contre les personnes LGVTQIA »
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Les violences envers les personnes LGBTIQ ont aussi lieu dans l’espace public, dans 13% des cas. « La rue est un milieu très hostile pour les personnes LGBTQIA », rappelle Aline. Elle poursuit : « Deux couples sur trois n’osent pas se tenir la main dans la rue. Parce qu’on va avoir des regards, parce qu’on va avoir des insultes, de la fétichisation quand on est deux femmes ensemble. »
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En 2018, les violences envers les lesbiennes explosaient dans l’espace public, selon le rapport 2019 de SOS Homophobie. Dans son rapport, l’association expliquait alors : « Les lesbiennes sont particulièrement la cible d’hommes, seuls ou en groupe, qui non seulement tiennent des propos injurieux, mais leur font des avances sexuelles : sifflements, propositions, attouchements, agressions, menaces de viol ».
Le milieu professionnel peut lui aussi s’avérer très hostile (9% des cas). Si bien que faire aujourd'hui son coming out au travail est parfois impossible. De peur d’être rejeté.e, violenté.e, discriminé.e dans sa carrière.
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« En France, on estime que l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont quelque chose relevant de la sphère privée. Quand une personne a le courage de faire son coming out au travail, ça met presque tout le monde mal à l’aise, parce qu’on a du mal à écouter ça de la part des autres. Le problème c’est qu’on est dans une société hétéronormée, et donc par définition, on est tous hétéro d’après cette société », souligne Aline. Une injonction à se taire qui joue bien évidemment sur la motivation et la qualité de travail, pénalisant doublement les personnes LGBTQI dans le milieu professionnel.
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Lutter à son échelle contre les violences LGBT+
Chacun peut agir à son échelle. Tout d’abord en s’informant, comme le souligne Cédric : « Il est essentiel et primordial de connaître et de se renseigner sur les différentes orientations sexuelles (…) et aussi sur les identités de genre, parce qu’il n’y a pas que les personnes cisgenres, il y a aussi les personnes transgenres, intersexes, non-binaires. Si on veut défendre une cause, c’est important de la connaître et de la comprendre avant ».
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C’est là que le bât blesse, car en France, il n’est pas toujours évident de trouver matière à s’informer. Le manque de représentation est encore criant aujourd’hui et les quelques références que l’on a à notre disposition ne sont pas toujours des plus bienveillantes.
C’est de ce constat qu’est né PAINT, média vidéo disponible sur Facebook et Instagram, laissant la parole à des personnes LGBT+ sur des sujets divers. Une façon pour Aline et Cédric de contribuer à l’apprentissage collectif et de laisser la parole à celles et ceux qui sont encore aujourd’hui trop souvent ignoré.e.s, oublié.e.s des médias. Un projet d’utilité public qui a fait ses preuves, puisque certaines de leurs vidéos dépassent aujourd’hui les millions de vues, rien que sur Facebook. La preuve, s’il le fallait, d’un besoin réel en France, celui de s’informer.
S’informer est essentiel, mais n’est pas suffisant. Face à une blague, une remarque, une violence LGBTphobe, oser intervenir, ne pas se taire, aide à faire bouger les lignes. Car, comme le souligne Aline, « l’indifférence est une forme de complicité à ces attaques. » La jeune femme rappelle également l’importance du choix des mots, de faire attention à ses propos, aussi bien sur la forme que sur le fond : « Les mots ont une valeur et les mots ont un poids. Les mots que vous utilisez face à une personne qui n’a jamais osé faire son coming out peuvent être pris comme un vrai coup de poignard ». Pour Aline et Cédric, « il est essentiel d’avoir une approche bienveillante, de façon à permettre aux gens de votre entourage de s’ouvrir à vous. »
Enfin, il est capital aujourd'hui d’apprendre à déconstruire. Déconstruire les apprentissages d’une société patriarcale et hétéronormée, qui ne laisse pas de place à la diversité, à la différence. Car, comme les créateurs de PAINT le rappellent, « on ne naît pas homophobe, comme on ne naît pas raciste ou sexiste. On le devient par la société qui nous inculque des codes qu’on apprend et que, aujourd’hui, en tant qu’adulte on doit désapprendre. Et c’est compliqué ».
Un travail à effectuer sur soi, mais aussi auprès des générations futures. Sujet dont l’Écosse s’est emparé, en devenant le premier pays du monde à enseigner les droits des LGBT+ à l'école. « Si en France, on arrive à faire ça aux collèges, aux lycées, on aura moins de suicides (le taux de suicide est plus élevé chez les jeunes LGBT, ndlr) on sentira qu’on est légitimes en tant que minorité aujourd’hui, on se sentira représentés et considérés », souligne Aline.
Lire aussi : L'Ecosse va enseigner les droits et les luttes LGBT+ : un exemple à suivre
« C’est une lutte que l’on va gagner si on est tous impliqués, tous ensemble », viennent conclure Aline et Cédric. « Au même titre que le sexisme et le racisme, c’est un combat qui doit être mené par une société entière. » Une lutte pour plus d'égalité, dans laquelle toutes et tous avons un rôle à jouer aujourd'hui.
PAR MYLÈNE WASCOWISKI
https://www.cosmopolitan.fr/comment-lutter-au-quotidien-contre-l-homophobie,2036640.asp
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