Dysphorie
La dysphorie désigne habituellement une perturbation de l'humeur, accompagnée d'anxiété, de malaises, et même de réactions coléreuses. Par ailleurs, la dysphorie de genre, qui sera traitée ici, est un terme médical utilisé pour décrire la détresse de la personne transgenre, face à une inadéquation entre son sexe assigné et son identité de genre.
La neurobiologiste Catherine Vidal affirme que le concept de genre fut d'abord un objet de recherche en sciences humaines et sociales, pour lesquelles le sexe biologique ne suffit pas à faire une femme ou un homme. "Or, indiquait-elle dans Le Monde en 2013, ce concept est désormais validé par les recherches en neurobiologie qui démontrent l'extraordinaire plasticité du cerveau". Et ainsi, "grâce à cette plasticité, l'Homo sapiens peut court-circuiter le déterminisme génétique et hormonal".
La dysphorie, comment la reconnaître
La dysphorie de genre, qu'est-ce que c'est ?
Le terme dysphorie, dans son sens premier, peut désigner un trouble psychique, caractérisé par une humeur oscillant entre tristesse et excitation. Il s'agit ainsi d'une perturbation de l'humeur, qui est accompagnée d'anxiété, de malaises, et même de réactions coléreuses : d'où un caractère désigné comme étant atrabilaire. Cet état s'avère souvent durable.
La dysphorie de genre, terme médical spécifique employé dans le manuel de l'association américaine de psychiatrie (DSM-V), décrit de fait la détresse ressentie par une personne transgenre, c'est-à-dire ayant les attributs physiques d'une fille mais se sentant garçon, ou l'inverse. C'est le sentiment d'inadéquation entre son sexe assigné et son identité de genre qui crée une perturbation.
Ann Oakley, sociologue et féministe britannique, a écrit sur le genre de façon explicite, dès 1972. Pionnière , elle l'a défini, dans "Sex, gender et society", de la façon suivante : "Le mot sexe se réfère aux différences biologiques entre mâles et femelles : à la différence visible entre leurs organes génitaux et à la différence corrélative entre leurs fonctions procréatrices. Le genre, lui, est une question de culture : il se réfère à la classification sociale en masculin et féminin".
De fait, la prévalence du nombre de personnes transgenre varie au niveau international, en raison des normes sociétales et culturelles, et de différences dans la définition. En Nouvelle-Zélande, par exemple, la prévalence est estimée à 1 pour 6 000 personnes, avec un ratio mâle- femelle de 6 pour 1.
Deux formes cliniques de dysphorie de genre sont désormais décrites, différenciées selon leur âge de survenue, apparaissant dès la petite enfance pour l'une, et à la période pubertaire ou plus tardivement pour l'autre. "Les formes tardives qui ne s'enracinent pas au cours des premières phases de la construction de l'identité sexuée (souvent entre deux et quatre ans) sont celles qui soulèvent les questions les plus difficiles au corps médical", indique le psychiatre Thierry Gallarda, intervenu lors d'une conférence dans un congrès français de psychiatrie.
Comment reconnaître la dysphorie de genre
Le sexe biologique se réfère aux organes reproducteurs, l'identité de genre, à la sensation intérieure d'être un homme ou une femme. Il est généralement admis que les bébés nés avec le sexe femelle se verront elles-mêmes plus tard comme des femmes, et que les bébés nés avec le sexe mâle se développeront en hommes, s'habillant de la sorte.
Mais finalement, le sexe et le genre ont davantage tendance, plus que sur une dichotomie nette et franche de ces deux catégories, à représenter une sorte de continuum. La variation sur la façon dont les gens se positionnent eux-mêmes sur ce continuum dépend de facteurs tels que l'étape de développement, l'environnement passé et présent et l'expérience vécue, ainsi que la nature des relations à soi et aux autres.
Les symptômes de la dysphorie de genre se manifestent à différents stades du développement, mais deviennent plus importants avec l'apparition des caractères sexuels secondaires durant la puberté.
Pour établir un diagnostic de dysphorie de genre, il faut qu'au moins deux de ces critères établis par le DSM-V soient présents depuis au moins six mois :
une différence significative entre leur propre expérience de genre et leurs caractéristiques sexuelles secondaires ;
un fort désir de se débarrasser de leurs caractéristiques sexuelles secondaires, ou de prévenir leur développement ;
le désir de caractéristiques sexuelles secondaires du genre opposé ;
la volonté d'être traité comme l'autre genre ;
la forte croyance d'avoir les sentiments et les réactions du genre opposé.
Les facteurs de risque
Les hommes sont davantage touchés par la dysphorie de genre que les femmes : la prévalence estimée par le groupe de travail du DSM-V fait état de taux variant entre 0,005 et 0,014 % pour les adultes nés de sexe masculin, et de 0,002 à 0,003 % pour les personnes nées femmes. C'est souvent à l'adolescence qu'apparaît et s'exprime cette dysphorie de genre.
La dysphorie de genre, plus fréquente donc chez les hommes biologiques (male to female) hétérosexuels ou bisexuels peut être précédée d'une phase plus ou moins durable de travestissement, évoluant peu à peu vers une volonté de se débarrasser de ses caractères sexuels secondaires et un désir impérieux de vivre pleinement sous une identité de genre féminine. Selon le docteur Gallarda, ces transsexuelles se projettent majoritairement dans une sexualité lesbienne ou bisexuelle.
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Les causes de la dysphorie de genre
La dysphorie de genre vient du concept selon lequel le sexe biologique ne suffit pas à faire un homme ou une femme , concept resté longtemps un objet de recherche circonscrit aux sciences humaines et sociales. Mais comme le soulignait la neurobiologiste Catherine Vidal, dans un entretien au journal Le Monde du 25 mai 2013, "ce concept est désormais validé par les recherches en neurobiologie, qui démontrent l'extraordinaire plasticité du cerveau".
Auparavant, on estimait que cette plasticité cérébrale n'était possible que dans des cas extrêmes, à la suite par exemple des accidents vasculaires cérébraux. De fait, elle est à l'œuvre quotidiennement. Ainsi affirme Catherine Vidal, "notre cerveau ne cesse de se modifier toute notre vie, en fonction de nos apprentissages et de nos expériences vécues. Grâce à la plasticité de son cerveau, l'Homo sapiens peut court-circuiter le déterminisme génétique et hormonal". Et la neurobiologiste de conclure : "L'être humain n'est pas une machine programmée par des gènes et des hormones. Il a un libre arbitre qui lui permet une liberté de choix dans ses actions et ses comportements."
Risques de complications de la dysphorie de genre
Un grand désarroi
La divergence perçue par une personne entre son sexe biologique et son identité de genre s'accompagne souvent d'un grand désarroi.
Un rejet social, un rejet de la famille
Cette détresse qui étreint certaines personnes transgenre a été étudiée par une équipe de l'institut national de psychiatrie de Mexico. Ces chercheurs semblent montrer qu'en réalité, la détresse rencontrée par certaines personnes transgenres n'est pas une caractéristique inhérente à leur identité, mais serait bien davantage due à l'expérience du rejet social et de la violence. Le rejet de la famille serait d'ailleurs le facteur le plus influent de ce désarroi.
Angoisse, dégoût, voire mutilation
D'autre part, les sentiments de ces personnes concernant leurs propres caractéristiques sexuelles secondaires et celles du genre opposé sont très marqués. Pour beaucoup, la maturation physique et la croissance de leurs caractéristiques sexuelles discordantes sont une forte source d'angoisse, une cause de dégoût, qui peut même mener à la mutilation.
Prévalence de maladie mentale plus élevée
La maladie mentale est commune dans la population transgenre : la prévalence de la dépression est double en comparaison de la population générale. Des explorations doivent dans chaque cas être menées, afin de savoir si cela est associé à la dysphorie de genre ou lié à d'autres problèmes.
Abus
De plus, les abus, harcèlements, discriminations, isolement, et idées suicidaires sont significativement plus élevés chez les individus identifiés comme transgenres.
Peu d'histoires sexuelles
Il est fréquent, chez les plus jeunes, de rapporter très peu voire aucune histoire sexuelle.
Traitement et prévention de la dysphorie de genre
Etre un individu qui s'identifie comme transgenre n'est pas pathologique en soi. Les investigations sont essentielles, notamment pour connaître les patients qui souhaiteraient bénéficier de thérapies hormonales. Il est important que le médecin traitant ait une bonne compréhension de la dysphorie de genre, car il sera souvent le premier point de contact pour ces patients. Plus souvent isolés, ils présentent aussi des taux plus élevés de dépression et de suicide : il faut donc les engager sur une bonne voie avec bienveillance.
Car pris en charge de façon approprié, le pronostic de la dysphorie de genre est généralement positif : son traitement permet de réelles améliorations. Celui-ci peut inclure la combinaison de la psychothérapie, la prise en charge via un traitement hormonal, et parfois la chirurgie. Ces traitements sont sécurisés, et efficaces à long terme. Très rares sont les personnes ayant changé d'organes génitaux de façon chirurgicale à présenter, plus tard au cours de leur vie, des regrets concernant leur décision.
Par ailleurs, dans la nouvelle classification internationale des maladies, dite CIM-11, qui a été publiée en juin 2018 et doit entrer en vigueur le 1er janvier 2022, l'organisation mondiale de la santé a créé un nouveau chapitre consacré à la santé sexuelle. Il recouvre des affections auparavant classées ailleurs, comme cette incongruence de genre, jusqu'alors répertoriée avec les troubles mentaux. Ainsi, la dysphorie de genre peut désormais ne plus être considéré comme étant un trouble mental.
https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Symptomes/Fiche.aspx?doc=dysphorie#la-dysphorie-comment-la-reconnaitre
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