« Un raz-de-marée dans les consultations »
.ENTRETIEN. Transgenres, non-binaires, agenres… « Un raz-de-marée dans les consultations »
Ils se disent transgenres, non-binaires, agenres… De plus en plus de gens s’interrogent sur leur identité. Mal à l’aise dans leur sexe de naissance, ils ne se sentent ni hommes ni femmes ou se sentent un peu des deux. Entretien avec le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez.
Aujourd’hui, de plus en plus de gens s’interrogent sur leur identité. Ils ressentent une dysphorie de genre, c’est-à-dire qu’ils ne se sentent pas à l’aise avec le genre qui leur a été assigné à la naissance. Entretien avec Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste.
De plus en plus de jeunes s’interrogent sur leur identité. Le constatez-vous ?
C’est un raz-de-marée ! Chez les jeunes et les moins jeunes. À la consultation spécialisée dans les questions transidentitaires chez les adolescents de la Pitié-Salpêtrière, il y a six mois d’attente.
Quel travail faites-vous ?
Un travail de psychothérapie analytique permettant aux patients de comprendre leur parcours, l’origine de leurs désirs, leurs aspirations. Il s’agit d’un questionnement identitaire, pas d’une pathologie psychiatrique.
Sont-ils en souffrance ?
Souvent, mais pas forcément. Ils sont en tout cas dans un processus de quête de soi, d’interrogation existentielle. Quand il s’agit de jeunes, il faut aussi intervenir sur l’entourage.
Les parents, l’école sont déboussolés ?
La question, c’est comment agir pour le bien des êtres, ne pas les broyer à travers leur éducation et leur scolarité. L’école voit bien qu’il faut ouvrir les réflexions sur l’éducation des filles et des garçons, ce qui n’est pas sans provoquer des remous. On l’a vu dans les ABCD de l’égalité. Cette initiation à la complexité des questions de genre a provoqué un tollé.
Pourquoi cette explosion des questionnements ?
On est moins assigné qu’avant à une identité religieuse, sociale, culturelle et de genre. Avec l’émancipation, les rôles sont devenus interchangeables, les destins de filles et de garçons sont devenus comparables. On peut choisir son métier, son mode de vie, si on va se marier, sa sexualité, et même la façon dont on va habiter un corps de garçon ou de fille. On peut fabriquer sa propre identité.
N’y a-t-il pas un effet de mode ?
C’est plus profond. Quelque chose se libère dans la façon dont les gens habitent leur être. Un garçon qui se maquille exprime son aspiration à la différence. Il remet en question quelque chose qui ne lui convient pas dans l’identité virile. C’est une forme d’affirmation de soi et un geste subversif.
Pourquoi certains s’interrogent-ils et pas les autres ?
Cela a à voir avec les processus inconscients qui circulent autour des enfants. Ils sont assignés à des places dans leur famille, par leurs parents, leur histoire. Ensuite, ils s’identifient plus ou moins à leur mère, leur père, leur frère, telle personne de l’entourage. Qu’est-ce qui fait qu’on a tel caractère, tel désir, telle façon d’être ? C’est une fabrication de soi qui tient beaucoup de l’environnement. La transidentité en fait partie.
Vous citez le cas de Léa devenue Paul, dont les parents ont perdu un garçon avant la naissance…
Il peut y avoir des éléments comme ça dans l’histoire, mais il faut éviter la relation de cause à effet. Ce serait très accusateur vis-à-vis des parents, et puis la réalité psychique est beaucoup plus mouvante, complexe, mystérieuse.
Il existe aussi des recherches sur le cerveau ?
Oui, elles regardent ce que les imprégnations hormonales masculines et féminines changent dans les connexions cérébrales, jusqu’à quel point un comportement masculin ou féminin leur est corrélé. Et peut-être, chez certains, des hormones circulent-elles différemment, même in utero. Mais ces recherches ne donnent pas grand-chose, car chercher dans le cerveau voudrait dire qu’il n’y aurait qu’une seule voie. Ce serait une lecture très partielle de l’identité. Nous sommes une interaction complexe de phénomènes sociaux, psychiques, corporels, génétiques.
MeToo a-t-il aidé à libérer ces questionnements ?
MeToo est un des points d’orgue d’un bouleversement des représentations du masculin et du féminin dans la société tout entière. On passe de la complémentarité hommes-femmes à l’égalité. Il faut penser la transidentité dans tout ce changement de société, de repères, de références dans lequel le monde est plongé. Cela a à voir avec la fin du patriarcat et de la domination masculine.
Recueilli par Florence PITARD. Ouest-France
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